Il est très courant de détourner un compresseur de climatisation automobile pour lui faire produire de l'air comprimé. Mais ces compresseurs ne sont pas du type "à sec", et doivent impérativement être lubrifiés. Se pose alors la question de savoir quoi lui donner. Compte tenu de son utilisation sporadique, il peut se contenter d'à peu près n'importe quoi et en très faible quantité. Mais il ne faut pas oublier que tout ou partie du lubrifiant finira dans les chambres à air ou les pneumatiques (dans le cas de tubeless).
Or, huile et caoutchouc font généralement mauvais ménage. Souvent, ces compresseurs sont utilisés sans autre forme de procès, leur sortie étant directement reliée au tuyau de gonflage sans cuve ni filtre séparateur. L'expérience a montré que 30 cc d'huile spéciale compresseurs ISO VG 100 (équivalent à une monograde SAE 30) peuvent être évacués en très peu de temps : après le fonctionnement en continu d'un Sanden pendant plus d'une heure, toute l'huile contenue dans le carter (30 cc environ) avait été évacuée. Il est probable que cette huile ait disparu pendant les premières minutes...
Personnellement, je n'utilisais pas de Dexron en raison de sa trop faible viscosité, mais une huile spéciale compresseurs ISO VG100.
Une idée répandue sur le net est que la Dexron est d'une totale innocuité, et que les huiles de transmission sont à éviter absolument. Il fallait en avoir le coeur net, d'où quelques expériences. des échantillons de chambre à air on été découpés puis plongés 21 jours dans différents fluides et lubrifiants :
Certains de ces liquides ne sont pas des lubrifiants à proprement parler : liquides hydrauliques, liquides de frein, huiles pour filtres à air.
Presque tout ce qui traîne à portée de main va y passer
Une vieille chambre à air va servir de cobaye
Découpage des échantillons
Les échantillons sont mis à tremper 21 jours
L'action de ces fluides sur le caoutchouc est évaluée qualitativement : gonflement et ramollissement.
L'idée reçue selon laquelle la "Dexron" est d'une totale innocuité pour le caoutchouc des chambres vole en éclats. C'est une légende urbaine. Cette huile est parmi les produits les plus agressifs.
La deuxième idée reçue selon laquelle les huiles de transmission (EP / hypoïd) sont trop agressives est également une légende urbaine. Ces huiles sont parmi les moins agressives pour les chambres à air.
Suite à ces essais, je trouve plus qu'imprudent d'utiliser un compresseur de climatisation en direct pour gonfler des pneus. J'estime indispensable d'utiliser une cuve traversée par le flux d'air et non pas simplement montée en dérivation, et de n'utiliser l'air comprimé qu'après passage à travers un filtre séparateur à coalescence. Enfin, le lubrifiant doit être un lubrifiant pour compresseurs d'air, car ce sont des produits spécifiquement étudiés pour faciliter le travail du filtre séparateur en se condensant facilement, avec l'humidité, dans ledit filtre.
A l'extrême, si on ne peut pas s'encombrer d'une cuve et d'un filtre, une graisse peut peut-être constituer une alternative car les rejets seront minimes grâce à leur viscosité, et qu'elles semblent assez peu agressives pour le caoutchouc des chambres. C'est d'ailleurs la lubrification par graisse que proposent Endless Air, et Extremeoutback pour son ExtremeFlow (deux compresseurs basés sur le Sanden)