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Perceuse pour circuit imprimé

Une perceuse de luxe pour circuits imprimés, basée sur un Dremel série 300 et un vieux support Triplex.

Sommaire

Généralités

Si on recherche un support sensitif pour Dremel, on ne trouve pas grand chose dans le commerce... Il y en a bien un au catalogue du fabricant, mais il est difficile de se le procurer : c'est le DREMEL Workstation 220. La situation semble être la même outre Atlantique où ils jouissent d'une mauvaise réputation. Manque de rigidité, manque de précision. En examinant les photos sur le site du fabricant, on remarque une fixation pour le moins légère, se faisant par l'extrémité filetée, à proximité du porte pince. C'est un excellent moyen d'amplifier des vibrations.

Support Triplex

On peut réaliser un support bien plus sérieux à partir d'un accessoire du même genre, conçu pour une perceuse classique. Dans les années 1980 et 1990, on trouvait dans les linéaires de GSB les accessoires de la marque Triplex. Catalogue très fourni, dans lequel le meilleur cotoyait le pire. Cette marque a disparu il y a quelques années, par suite d'une fusion avec la société Tivoly.

Triplex distribuait un support sensitif que l'on trouve désormais en abondance sur les sites d'enchères et de petites annonces, à des prix allant de 20 à 30€.

Cet accessoire possède les mêmes fonctions que celui de Dremel, mais il est bien plus gros et lourd. Son concept est excellent, mais la réalisation était vraiment lamentable. Moyennant un peu de travail d'amélioration, il constitue une base permettant de transformer un Dremel en une luxueuse perceuse pour circuits imprimés. Le support modifié pesant près de 7 kg, on dispose alors de quelque chose de réellement sérieux.

Le support Triplex visible sur les photos ci-dessous, récupéré il y a une dizaine d'années, attendait dans un coin une utilisation. Initialement, il était prévu d'en faire une taraudeuse...

A l'exception de la colonne, tout est en aluminium. Le mécanisme de montée et descente peut être placé à la hauteur voulue sur la colonne. La perceuse se fixe par une bride sur un chariot mobile à coulisses prismatiques, et le déplacement se fait par un système à crémaillère. Le système peut être orienté dans n'importe quelle position entre la verticale et l'horizontale, exactement comme le support Dremel. Bien que séduisant dans son principe, cet accessoire souffre de quantité de défauts en raison d'une fabrication (française) à l'économie.

Le support était disponible avec un étau, lui aussi en aluminium, et d'une qualité déplorable.

N'importe quelle perceuse à colonne chinoise à 250 FF achetée "au camion" surpassait largement ce support. Son seul avantage était la possibilité d'orienter la perceuse et de percer de biais.

Voici l'énorme point faible du système : le chariot sur lequel vient se fixer la perceuse est composé de deux parties assemblées par trois boulons. Le plan de jonction est de surface très réduite, bien sûr non rectifié, et, lors du serrage, il y a déformation ; ce qui fait perdre tout le bénéfice du concept. Les coulisses sont pincées, ça frotte partout, ça coulisse mal, le réglage du jeu est impossible. Bref, c'est difficilement utilisable !

Ce chariot en deux parties est sans doute lié à des impératifs économiques : fonderie facilitée.

Dans chaque moitié du chariot, on trouve des patins en plastique. Côté droit ils sont fixes, et côté gauche ils sont poussés par des vis sans tête afin de régler le jeu de fonctionnement. En fait, sur ce support, le jeu ne pouvait pas être réglé : la déformation au serrage des boulons était telle que non seulement les patins frottaient dur, mais le métal des coulisses entrait en contact.

Un tel guidage est léger pour une perceuse "normale" de 500 W, et la rigidité n'est pas au rendez-vous (matière plastique). En revanche, pour un Dremel, ça sera largement suffisant.

Première tentative

Simple remplacement de la bride par une autre, réalisée sur mesure pour le Dremel. Les deux demi chariots ont été dressés après boulonnage afin d'offrir une surface correcte. Mais impossible de se servir correctement de ce machin ! Tout se déforme, ça coince, les circuits imprimés glissent mal sur la table en aluminium, l'évidement central de la table est trop grand, etc.

Modification du chariot

On va utiliser les grands moyens !

Les problèmes viennent de la conception du chariot en deux parties. Ces deux parties vont donc être solidarisées une bonne fois pour toutes, et rigidifiées.

Sur les deux moitiés du chariot, dressées lors de la première tentative, est ajoutée une plaque. Ses bords sont alignés avec les coulisses. Tout l'ensemble est serré fortement et indexé par des goupilles Mecanindus afin de constituer un ensemble indéformable. La fixation de la bride reste la même, mais son serrage ne déformera plus le chariot.

Il sera possible d'adapter autre chose, comme par exemple un accessoire de taraudage.

Le boulonnege de ce renfort pose un problème de place.

En bas, on peut mettre des écrous, mais alors il est impossible de passer une clé plate pour le serrage. Le problème a été réglé par un fer plat percé et taraudé.

En haut, il y a le pignon de crémaillère : un écrou ne passe pas. Ce deuxième problème a été réglé en reprenant au tour un écrou à collerette, et en usinant un logement pour le placer à l'envers. (le lamage a été fait un peu à l'arrache !). Ca passe pile poil, il n'y a pas beaucoup de place ni beaucoup de gras dans lequel tailler pour loger l'écrou. Il faut être prudent lors du fraisage.

A ce stade, on dispose d'un chariot rigide, mais qui ne peut plus être mis sur le "banc" à cause du doigt du ressort, et du pignon de crémaillère. Sur le support tel qu'il était vendu, les deux moitiés du chariot devaient être assemblés à gauche en passant le doigt du ressort par la fente, et à droite avec le pignon prépositionné sur la crémaillère. Très pénible comme assemblage...

Quelques modélisations avant d'attaquer le métal...

Une vis et un contre écrou moletés fourniront un moyen très pratique de régler la hauteur d'outil au repos.

Le haut est ouvert par fraisage, ce qui permettra d'enfiler le chariot complètement assemblé.

Il faut aussi penser à mettre des coups de lime pour supprimer toutes les interférences ! On voit les traces de frottement, et la piètre qualité de réalisation...

Après quelques coups de lime, ça coulisse sans interférences, et le réglage du jeu des "lardons" sert enfin à quelque chose.

Un couvercle vient refermer la coulisse. Il est à placer une fois le chariot enfilé.

Levier de descente indexable

Pour rendre confortable l'utilisation de la perceuse, le levier de descente doit pouvoir être positionné dans n'importe quelle position. Pour celà, l'axe du pignon de crémaillère est rallongé au tour : perçage, taraudage, mise en place d'une vis M12 puis reprise pour en faire un axe de 10 mm. Un barillet percé de 12 trous est fixé à l'axe. Le levier est quant à lui fixé à un moyeu muni d'un doigt (une aiguille de roulement de 4 mm de diamètre). Le doigt peut donc être placé dans un des 12 trous : on dispose ainsi de 12 positions possibles pour le levier. C'est le principe de levier indexable que l'on trouve sur les têtes de Bridgeport et autres fraiseuses à tourelle inspirées de cette machine américaine.

Autres petites améliorations

Une vis et un écrou moletés permettent de régler la hauteur de repos du foret. Associés au levier indexable, ils rendent l'utilisation de la perceuse très confortable.

(moletage un peu foireux : l'outil est complètement mort...)

Table en mélaminé blanc. A première vue ça peut sembler curieux... En fait, cette table améliore beaucoup le confort lors du perçage de PCB :

Ce dernier point peut paraitre surprenant. On pourait s'attendre à un certain éblouissement... L'époxy / fibre de verre étant à la fois translucide et opalescent, la lumière le traverse, se réfléchit sur la surface blanche, et lui procure une certaine luminosité ; les pads et leurs avant trous se détachent alors parfaitement. Ils sont beaucoup plus visibles que sur la surface métallique de la table d'origine.

La rotation de l'ensemble se bloque et se débloque à l'arrière de la colonne. Une des vis a été remplacée par celle de la bride de hauteur, afin d'offrir un dessarage reserrage rapide.

Ce afin de passer rapidement le Dremel en position horizontale. Le changement d'outil est alors très facile. La position horizontale est également utile pour meuler, polir, etc. Cette fonction existe sur le support fabriqué par Dremel, et est absolument indispensable.

Et bien sûr 4 pieds en caoutchouc, ce qui évite de transmettre les vibrations à la table sur laquelle repose la perceuse.

Conclusion : pour quelques heures de travail, une vingtaine d'euros si on ne possède pas déjà ce support Triplex, et éventuellement l'achat d'un Dremel, on dispose désormais d'une perceuse pour PCB vraiment parfaite : pratique, lourde, précise, confortable, dotée d'un col de cygne important, et très versatile. Il ne lui manque actuellement qu'un éclairage intégré, et un bidule pour fixer le fil d'alimentation...

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Validation W3C Unicorn le : 15 juillet 2013
page ajoutée le 30 décembre 2012
dernière révision le 30 décembre 2012